lundi 28 mai 2012

On se calme le pompom !

Mardi passé j'ai glissé dans un marécage puant, la tête dedans et les jambes en haut, mon cerveau sucé, succioné, liché de grosse langues de bouette noire. Toxique. Je sauçais dans la swamp.

J'avais le coeur sale.
La douleur physique, je m'en fous. Je peux dialoguer avec elle ; on est copine à la longue. C'est une créature qui me chevauche, je suis son destrier, sa pouliche de feu. Des grandes chevauchées qui me déchirent le crâne aux douces caresses sur ma crinière, je prends tout. Je suis capable d'aller très creux à l'intérieur de moi, dans un endroit qui ne ressent plus le mal et je galope et je me cambre et je saute et je m'envole, comme Pégase. (Mais avec une corne de licorne !) Ne vous inquiétez jamais de la douleur physique qui grignotte mon corps par en-dedans ; je vous la mets en scène comme un personnage de soutien dans mon histoire déconstruite-reconstituée, dans mon histoire vraie coupée-raboutée. Le mal qui mange mon corps est une Diva qui veut toute la place dans mon pôôôôvre petit drame, mais ne vous laissez pas impressionner. Une fois son monologue gueulé, une fois démaquillée, il n'y a rien... un fantôme, une evanescence de douleur, un souffle amer.
Inquiétez-vous lorsque j'ai la rage au coeur. Quand je repousse l'amour doux. Quand je crie les yeux fermés. Quand je suis emmurée dans ma colère, quand je crache ma fatigue enragée.
C'est épuisant tant de violence et de rage en soi. C'est égoïste aussi.
Mardi matin, j'ai glissé dans un trou noir.
Mardi soir, j'ai eu envie de me relever.

Mercredi, j'ai attaqué.
Plan de match : nettoyer la sauce noire qui m'engluait le crâne et le coeur. Retrouver mon magnifique arc-en-ciel d'amour-joy-joy-joy-intérieur ! (Hum. Trop d'épisodes des Calinours et de Ma Petite Pouliche dans mon passé peut-être ?!!..)
J'ai demandé aux techniciennes de me mettre "du Bob" pendant mon traitement. Aaah parce que oui, lors des traitements, il y a possibilité de noyer le vacarme de cette foutue machine avec de la musique. Chaque patient(e) amène ses CD's et se fait irradier sur sa trame sonore personnelle !
I wanna love you, and treat you right !...
I wanna love yoouu, every day and every night !
Traitement reggae. Du soleil dans mon cerveau. Une irradiation dansante !
Hummm !

Mercredi en après-midi je suis allée courir.
Eh oui, je cours, je danse, je bouge. Ah mais non, je ne passe pas mes journées à rester immobile dans un lit de douleurs. Je n'ai pas cessé de vivre. Pas complètement en tout cas.
Mercredi fin d'aprèm, je vais donc jogger sur le bord du fleuve à Verdun. Pink Floyd dans mes oreilles.
Juste un peu plus bas que les rapides, j'aperçois le Héron. MON Héron. Le Héron avec un H majuscule, le Seul, celui qui devient multiple, qui se divise ; il est tous les hérons et à chaque fois c'est mon Héron ! (J'ai une relation particulière avec mon Héron, dois-je le mentionner ?!!)
J'arrête. Je lui dis : "salut."
Il me regarde. Je le regarde. On fait un eye contact très intense. Il me dit : "salut. C'était pas ta meilleure journée hier hein ?! Le Dalaï-Lama aurait pas été fier de toi !"
- Ouain. J'étais fatiguée et mon amour universel était à sec. J'ai été poche.
- C'est correct la p'tite. Essaie de te grounder, de respirer, regarde les arbres qui poussent forts... pis ferme ta gueule de temps en temps quand t'as le feu au cul !
- Heille ! J'ai le droit de gueuler un peu des fois ! J'explose, moi, sinon !
- Écoute ma Noire, canalise ton énergie pis dessine, danse, va courir, mais laisse le monde vivre sa vie !
- O.k.
- Hey : Don't worry about a thing !
'Cause every little thing is gonna be all right !
Singin' don't worry about a thing, 'cause every little thing is gonna be all right !
Rise up this morning
Smiled with the rising sun
Three little birds, pitch by my doorstep
Singing sweet songs, of melodies pure and true
Singing : this is a message to you-ouh-ouh !!!
Je recommence à courir.
(Mon Héron est un mélange de grand-papa Bob, de Bob Marley et du Dr. B., je sais. (Ça fait beaucoup de B !) J'aimerais qu'on respecte mon monde imaginaire. Sans commentaire.)

Le reste de la semaine a été doux.
Mon frère a fait le défi "Têtes Rasées" pour Leucan (Bravo mon frère !), j'ai fait un don et je me suis calmé l'esti de pompom.
Il y a des gens mille fois pires que moi. Seuls. Malades sans espoir de guérison. Handicapés. Des enfants qui souffrent chaque jour de leur vie et qui sourient. (Bon, c'est vrai que la morphine fait sourire... Oh ! Mon humour est malsain !)
La vie est bonne avec moi.
Je ferme ma gueule. Je cours entre le fleuve et le ciel et je chante "is this love- is this love- is this love - is this love that I'm feelin' ?!..."




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