vendredi 28 septembre 2012

Moi. Pis les autres.

Les autres aiment de moi quelque chose que je ne suis pas.

J'imagine que tout le monde est pogné avec ça : ce que les autres perçoivent et ce que l'on est vraiment. Le clash entre les deux, surtout. Ne pas tomber dedans. Ajoutez à ça le putain de Secret Garden, qui change la donne, parce qu'eux n'ont pas accès à territoire-là. Ils n'ont pas toutes les données pour vous recomposer et vous définir. Les projections des autres sur vous. Le désir ou la haine qui teinte le regard. La chimie hormonale des corps. Tout ça. Et beaucoup plus.
Il y a des gens qui aiment ce reflet d'eux dans les yeux des autres, qui se définissent par lui. Qui existent dans les autres. Par les autres.
Moi je sais pas. Je ne suis pas certaine que j'aime ça.
Je sais seulement que les autres voient un corps qui n'est pas moi. Et que ce qu'il y a dedans est mystérieux même pour moi.
(C'est compliqué, hein ?!)

vendredi 21 septembre 2012

Californi(cation.)

Début septembre. Je suis allée dans le désert. En Californie.
Il n'y a plus de hippies en Californie. Pas de fleurs dans les cheveux. Quelques surfers boys. Des filles avec des gros seins et des cheveux longs. Les américains sont gentils. Les américains sont un peuple qui a besoin d'être aimé.
Je voulais "faire de la plage." Entendre gronder les vagues, FfRRrrusssshhhhh... FffrrrRuuussshhhh... Dormir au soleil, mon nouvel ennemi de fille-chauve-souris. Ne penser à rien. Me baigner dans l'eau salée et guérisseuse de la mer et avoir la peau qui goûte le sel à la fin de la journée. C'était ça mon plan.
Mais bon, je vis avec un garçon qui est parfois comme traversé de spasmes d'imprévisibilité. Je l'aime comme ça. Alors le deuxième jour, il a dit :
- On va voir le Grand Canyon !
- Mm... O.k.
- O.k. !!! Yes !
- ...Non mais attend. On aura pas le temps. C'est à combien de temps le Grand Canyon ?
- C'est sûr qu'on va faire un "petit détour" par l'intérieur des terres... Mais on monte comme ça, on va à San Francisco pis on redescend par la côte ! Pis après tu vas faire de la playa !
- Mouain. C'est sûr que tant qu'à être ici ça serait con de pas y aller... Mais c'est trop short, F. On reviendra faire JUSTE le Grand Canyon un jour...
- Ouain.

(...)

(Moi) :
- Oui mais c'est combien de temps jusqu'au Grand Canyon ?
- Pas long ! Genre 6 heures... Ben... plus 8...
- Criss. On laisse faire. On garde le plan initial. Faudrait passer une journée complète à faire du char !
- Ouain. O.k.
- O.k. ?!
- Ouain...

Comme PLUSIEURS autres choses dans ma vie, je ne sais pas trop ce qui s'est passé... Deux jours plus tard, on était en direction du Grand Canyon avec The Barr Brothers et Patrick Watson.
On a campé dans le désert entre les rochers comme des crânes gigantesques fondus et empilés de Joshua Tree Desert, on est tombé sur le cul en arrivant en haut de la falaise de 2 km du spectaculaire-MONSTRUOFABULOUS Grand Canyon et on a traversé pendant des heures Death Valley. Qui porte bien son nom.
Je suis allée en Californie et j'ai rencontré le Désert.
C'est une révélation physique. Le désert, ma révolution.
C'est un lieu où la vie est survie, la mort est dans les roches, les formes, la température, l'air asphyxiant qui brûle la gorge et alourdit les corps. Tout est dur et sec. Le désert se fout de nous.
J'avais besoin du désert à ce moment précis de ma vie.
Debout, surplombant la vallée du Grand Canyon, j'étais aspirée vers le bas. Les cheveux dans la face à cause du vent qui vient des gorges. La roche rouge sombre. Tout ce vide vertigineux qui répond au mien, qui le prend et le berce. Toute cette immensité qui m'avale toute crue et qui me recrache dans l'espace. Je flotte au-dessus du désert comme un aigle à tête blanche. J'ai envie de crier et de pleurer.
J'étais fascinée. Hypnotisée. Mes yeux se fermaient de trop de lumière, tout ce ciel.. Je n'ai jamais vu une si magnifique absence de tout. Death Valley : une vallée de sable, des roches. Des montagnes arides, énormes, comme une aile ouverte vers le ciel. Sec, sec, sec. Mort. J'étais enfin remplie de vide et de silence.
Brûlure de l'air. C'est si chaud.
Le désert m'a redonné un souffle. Peut-être qu'il m'a cautérisée ?

Constat final : j'ai fait 2 jours de plage sur 12 jours de voyage.
Mais j'ai rencontré le Désert.
Ma révélation.