lundi 14 mai 2012

Dans "violence" il y a "vie"...

Je réfléchis sur la violence faite à mon corps pour le garder en vie, pour le sauver, le prolonger. Mon corps-bombe programmée, mon corps qui s'auto-détruit. J'ai une mine dans le cerveau. (Une mine radioactive pour l'instant, éloignez les femmes enceintes et les enfants de ma tête !)

On me troue on m'ouvre on m'ausculte on me coupe on me coud on me referme on me suture on me broche on m'attache on m'intube on me médicamente on me prend mon sang on m'injecte on me pique on m'irradie on me tâte on me palpe on me touche on me couche on me lève on me met une sonde on m'arrache la sonde on enlève on retire on vide on m'enferme sous un masque on m'écrase on me regarde être malade on me fait mal. Pour guérir. Je suis en sursis. Encore un peu. Encore. Je veux vivre. J'ai mal souvent, beaucoup, légèrement, en surface, en profondeur, jusqu'au coeur. Je souris, je ris, je blague, je marche, je dors, je fais semblant que je suis "normale", la douleur est ma normalité, ma norme, mon animal en cage ; je suis ma propre cage. Je m'en fous, je prends la douleur aussi, je prends tout, j'en veux plus, à force d'avoir mal on n'a plus mal.
Il y a un monstre dans ma tête, à chaque jour on le nourrit à force d'irradiations, il me mange les globes occulaires par en-dedans, il me gratte le cerveau, me griffe, me lacère la zone supra-sellaire. Il me dévore de l'intérieur. Il grossit. On dirait qu'on a fait bouillir ma tête. Mon cuir chevelu est sensible. Mon monstre rugit. Je prends d'autres Tylenol. J'apprivoise la bête, je dois apprendre à l'aimer, lui faire une place, le calmer.

Les chirurgies pour me garder en vie. La radiothérapie qui me lave doucement, me brûle par en-dedans. Le masque qui m'étouffe. Les millions d'examens, d'intrusions dans mon corps, ma micro-biologie est violée, j'en ai marre des fois de ces entrées et sorties dans mon être, de cet esclavage médical. J'aimerais que mon corps m'appartienne.

Les traitements que subit mon corps sont violents. Pour mon bien.
La violence de la médecine. À chaque jour. Accueillir cette violence.

Je suis allée visiter une serre GÉANTE et magnifique avec ma maman après mon traitement de ce matin. Le vert, les fleurs, les couleurs, l'odeur, les arbres qui s'ouvrent, les bourgeons... C'est comme Walt Disney pour moi ! Quel bonheur. La vie qui éclate. Je m'en suis nourrie (et j'ai acheté de la joubarbe parce que ça aime les sols secs et les conditions difficiles...) Le vert me regénère.
Je suis un petit taureau du printemps.
Demain ce sera mon 33e anniversaire.
L'âge du Christ. ("Le christ de bel âge", comme dirait ma grand-mère !!!)
Cette année, je prévois rien de moins qu'une RÉSURRECTION !!!

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